Les films et les séries aiment donner une image sans nuances de la politique: soit comme une basse besogne pilotée par des intrigants sans scrupules (House of Cards), soit comme un combat héroïque mené par des idéalistes rusés (The West Wing ou Show Me a Hero). Si la série politique française Baron noir est fascinante, c'est justement parce qu’elle suit une troisième voie. Son héros, Philippe Rickwaert, est un député socialiste aux manières franches, également maire de Dunkerque au début de la série. Il connaît donc parfaitement les préoccupations de ses électeur·ices et cette région du nord de la France frappée par la désindustrialisation. Rickwaert se bat avec cœur, courage et adresse pour défendre les intérêts de sa base électorale. Mais en tant que proche d'un candidat à l'élection présidentielle (interprété par Niels Arestrup dans l’un de ses derniers grands rôles), il ne lésine pas sur les manœuvres douteuses, n'hésite pas à rejeter la faute sur d'autres en cas de pépin, est mis sur la touche par son patron, perd sa plus fidèle alliée, déçoit sa fille et propulse sa maîtresse à la tête du parti... En bref, nous avons affaire à de la véritable cuisine politique, composée d’alliances, de tractations et des stratégies froidement calculées sous le regard brûlant des médias. Aussi se demande-t-on sans cesse jusqu’à quel point Rickwaert se laissera corrompre – pour le pouvoir et par le pouvoir. Le natif d'Algérie Kad Merad, révélé au grand public il y a près de vingt ans par la comédie Bienvenue chez les Ch’tis, incarne ce marionnettiste de l’ombre avec l'humour, le charme, la roublardise et l'énergie qui le caractérisent. L’entourage de Rickwaert – partagé entre les salons parisiens et ses amis déclassés du Nord – est dépeint avec la même nuance. Baron noir a été créée par un quatuor d’auteurs, de producteurs et de réalisateurs proches de la gauche française, envers laquelle ils gardent une distance critique. Grâce à leur propre expérience du monde politique, ils sont capables de tirer de cet univers une formidable matière dramaturgique. Les héros de la série sont loin d’être des saints, mais dans le contexte actuel, ils rappellent de façon salutaire que le pragmatisme et l'idéalisme ne s’excluent pas en politique. Bien au contraire, l'un nécessite l'autre.

Filme und Serien stellen die Politik gern schwarzweiss dar: entweder als Schmutzgeschäft von skrupellosen Intriganten wie in House of Cards oder aber als heldenhaften Kampf kluger Idealisten wie in The West Wing. Die französische Politserie Baron noir ist so fesselnd, weil sie einen dritten Weg einschlägt. Ihr Held ist der hemdsärmelige sozialistische Parlamentarier Philippe Rickwaert, der am Anfang auch noch Bürgermeister von Dunkerque ist und die Sorgen seiner Wählerschaft im kriselnden nordfranzösischen Industriegürtel von Haus aus kennt. Rickwaert kämpft mit Herz, Mut und Schlauheit für seine Klientel, doch als enger Vertrauter des Präsidentschafts-Anwärters (Niels Arestrup in seiner letzten grossen Rolle) macht er auch krumme Touren, schiebt andern die Schuld zu, wird vom grossen Chef fallengelassen, verliert seine engste Verbündete, enttäuscht seine Tochter, stemmt seine Geliebte zur Parteichefin und sich selber zum Minister hoch, um umso tiefer zu fallen. Kurz: Wir erleben politisches Handwerk, das Schmieden von Allianzen, das kaltblütige Taktieren unter der Dauerbeobachtung der Medien und in unauflöslicher Verflechtung mit dem Privaten. Dabei fragen wir uns ständig, wie weit Rickwaerts Korrumpierung für und durch die Macht gehen wird. Der gebürtige Algerier Kad Merad, in Frankreich seit gut zwanzig Jahren dauerbeschäftigt als bodenständiges Schlitzohr, stattet diesen Strippenzieher mit seinem ganzen Witz und Charme, Durchtriebenheit und Vitalität aus. Genauso lebensecht werden Rickwaerts Umfeld zwischen der grossen Pariser Bühne und seinen deklassierten Copains und Copines im Norden gezeichnet. Baron noir wurde von einem Autoren-, Produktions- und Regiequartett erschaffen, das der französischen Linken nahesteht und sie gerade dank eigener Erfahrung mit dem Politbetrieb auf kritische Distanz zu halten weiss. Seine Held:innen sind alles andere als Heilige. Im heutigen Umfeld aber erinnern sie wohltuend daran, dass sich Pragmatismus und Idealismus in der Politik nicht ausschliessen, sondern gegenseitig brauchen. Politthriller, Tragödie, Gaunerkomödie? Alles in einem und gerade deshalb unwiderstehlich.