Jouer dans une pièce de théâtre, c’est se mettre dans la peau d’autrui et développer de l’empathie; en somme, apprendre à mieux se connaître soi-même. C’est sur cet espoir que repose le programme «Rehabilitation Through the Arts» (RTA), mis en place depuis 1998 dans la prison new-yorkaise de Sing Sing, auquel ont participé des centaines de détenus. Certains d’entre eux jouent leur propre rôle dans le documentaire dramatique du même nom, Sing Sing, réalisé par Greg Kwedar et nommé trois fois aux Oscars. Originaire d’Australie, Kwedar a développé ce projet avec son partenaire créatif de longue date Clint Bentley, et deux des protagonistes. Le film raconte presque exclusivement la préparation et les répétitions de pièces de théâtre montées en prison, sous la direction d’un metteur en scène chevronné, cumulant les rôles de mentor… et parfois de gardien. Au cœur du récit: les fortes têtes «Divine G» et «Divine Eye», deux afro-américains qui purgent respectivement de longues peines pour meurtre et braquage. Chacun convoite le seul rôle sérieux d’une pièce comique sur le voyage dans le temps montée par la troupe: celui de Hamlet. C'est peu dire que les deux hommes ont des ambitions... Dès les premières scènes, le film adopte un ton théâtral qu’il ne reniera jamais tout à fait, mais évite de réduire son intrigue à une simple bataille d'égos ou de tomber dans les clichés du drame carcéral. Au contraire, il dépeint le groupe – avec ses excentricités, son argot, ses traumatismes et ses crises – de façon vivante et crédible, tout en figurant subtilement les frustrations et la violence du quotidien carcéral. Le féru d’art «Divine G», qui se dit victime d’une erreur judiciaire, est interprété avec verve par l'acteur Colman Domingo. Le dangereux et imprévisible «Divine Eye» est joué par Clarence Maclin, un véritable ancien gangster. À la fin, on en vient à croire à l'improbable amitié qui se noue entre les deux hommes. À noter: le taux de récidive parmi les anciens détenu·es de Sing Sing avoisine les 60 %. Chez celles et ceux qui ont suivi le programme RTA, il s'élève à 3 %. Qu’on vienne encore dire que l’art ne sert à rien.

Wer in einem Theaterstück mitspielt, versetzt sich in andere Menschen, entwickelt Mitgefühl für sie und lernt sich dabei selbst besser kennen. Auf dieser Hoffnung basiert das Programm «Rehabilitation Through the Arts» im New Yorker Gefängnis Sing Sing, an dem seit 1998 Hunderte von Häftlingen teilgenommen haben. Einige von Ihnen spielen persönlich im gleichnamigen, dreifach oscarnominierten Dokudrama von Greg Kwedar mit, das der gebürtige Australier zusammen mit seinem kreativen Partner und zweien der Hauptfiguren entwickelt hat. Erzählt wird fast ausschliesslich von der Planung und den Proben zu den Gefängnis-Inszenierungen, bei denen ein erfahrener Regisseur als Mentor agiert und bisweilen auch wie ein Aufseher intervenieren muss. Im Zentrum stehen die zwei gegensätzlichen afroamerikanischen Alphatiere «Divine G» und «Divine Eye», die beide langjährige Strafen wegen Mord bzw. Raubüberfall absitzen, und in einer geplanten Zeitreisen-Farce die einzige ernsthafte Rolle ergattern wollen, jene von Hamlet – man hat doch Ansprüche. Grossartig meidet der theatralisch anlaufende (und diese Tonlage nie gänzlich abstreifende) Film jedoch die Reduktion auf diese Egoshow-Schiene und einige weitere Knastdrama-Fallen. Vielmehr hält er die ganze schillernde Truppe mit ihren Spleens und ihrem Slang, ihren Traumata und Krisen im Spiel und schafft es dabei auch, den Gefängnisalltag mit all seinen Frustrationen und Aggressionen einzuflechten. Der kunstbeflissene Divine G, angeblich Opfer eines Justizirrtums, wird mit Verve vom Starschauspieler Colman Domingo verkörpert, der gefährlich launische Divine Eye vom echten Ex-Gangster Clarence Maclin. Am Ende ist man so weit, dass man den beiden die gänzlich unwahrscheinliche Freundschaft abnimmt. Die kriminelle Rückfallquote der entlassenen Sing-Sing-Häftlinge soll übrigens bei 60% liegen jene der RTA-Absolventen bei 3%. Sage jemand, dass Kunst nichts bewirkt.