Atteint d'une leucémie, le célèbre chef d'orchestre parisien Thibault (Benjamin Lavernhe) a besoin d'un donneur de moelle osseuse génétiquement apparenté. La chance lui sourit lorsqu'il apprend qu'il a été adopté et qu'on lui révèle l'existence d'un frère inconnu: Jimmy, cuisinier de cantine et tromboniste dans une fanfare, domicilié dans une région désindustrialisée du Nord de la France. La première rencontre se passe mal: sous ses airs de rustre, Jimmy cache une sensibilité à fleur de peau; il a donc tôt fait de se sentir blessé lorsqu'il prend conscience des privilèges dont a bénéficié son frère dans la vie. Après avoir découvert que Jimmy possède le même talent musical que lui, Thibault décide de lui apporter son soutien pour la préparation d'un concours auquel sa fanfare amateure s'est inscrite. Vous croyez connaître la suite? Détrompez-vous! C'est là la grande force de cette tragi-comédie sur l'inégalité des chances: plein de reconnaissance à l'issue de la transplantation, Thibault se met certes en quatre pour son frère et sa fanfare, mais la suite du récit tourne le dos aux habituelles success stories bâties sur le principe «il suffit de croire en soi». Au contraire, le film dépeint de manière touchante les conditions de vie des ouvriers en France, et dresse le portrait sensible d'une fraternité inattendue, avec ses hauts et ses bas. Autre point fort: la manière dont Pierre Lottin fait ressortir les blessure et les doutes que Jimmy dissimule sous ses airs de dur, faisant de son personnage le centre secret du film. Dans la mesure où le cliché du succès frappant à la porte de manière inespérée n'est pas reproduit, le film peine à trouver une fin réconciliatrice dans sa dernière partie. Mais ce léger défaut n'ôte rien à la joie que procure l'ensemble. La preuve: lors de plusieurs projections, le public a applaudi spontanément à la fin.

Als der Pariser Stardirigent Tihbault (Benjamin Lavernhe) an Leukämie erkrankt und einen genetisch verwandten Knochenmark-Spender braucht, erfährt er, dass er ein Adoptivkind ist und im verarmten industriellen Nordfrankreich einen Bruder namens Jimmy hat, der Kantinenkoch und Posaunist in einer Blaskappelle ist. Die erste Begegnung geht gründlich schief, denn das Raubein Jimmy ist eine verletzte Seele, dies umso mehr, als ihm der Startvorteil seines Bruders Thibault im Leben bewusst wird. Letzterer entdeckt dafür, dass Jimmy das gleiche musikalische Talent hat wie er, und beschliesst, ihn und seine Freizeitkapelle bei einem Wettstreit zu coachen. Sie ahnen, wies weitergeht? Eben nicht, das ist die eine grosse Stärke dieser Tragikomödie über ungleiche Lebenschancen: Wohl legt sich der dankbare Thibault nach der Transplantation für den Bruder und dessen Band ins Zeug, doch statt einer klischeehaften Erfolgs-Dramaturgie nach dem Motto «Man muss nur an sich glauben», erwächst daraus das warmherzige Porträt französischer Arbeiterverhältnisse sowie der unverhofften Bruderschaft mit ihren Ups und Downs. Die andere Stärke: Wie Pierre Lottin Jimmys Verletzlichkeit hinter einer schroffen Fassade aufscheinen lässt und seine Figur zum heimlichen Zentrums des Films macht. Da dem Koch die unverhoffte Traumkarriere als Musiker versagt bleibt, gerät der Regisseur im letzten Akt zwar zeitweilig in Verlegenheit, wie er dennoch zu einem versöhnlichen Ende findet. Doch die kleine Schwäche im Detail schmälert die Freude über das geglückte Ganze kaum. Ohne grosse Namen und Werbebudget kam En fanfare in den Schweizer Kinos auf beachtliche 70'000 Eintritte. Das spricht für sich.