Un chat évolue dans un monde où les maisons et les jardins sont remplis de sculptures de représentants de son espèce, tandis qu'au sommet de la plus haute montagne se dresse une monumentale statue féline. Dans cet univers, rien ne serait plus redoutable qu'une inondation soudaine qui obligerait notre chat à nager. C'est exactement ce qui se produit dans le deuxième long-métrage d'animation de Gints Zilbalodis, lequel a valu au réalisateur letton de remporter tous les trophées imaginables dans l'univers parallèle du cinéma d'animation et, cerise sur le gâteau, l'Oscar du meilleur film de cette catégorie. Il ne faut pas plus de trois minutes pour comprendre pourquoi le travail de Zilbalodis a été submergé par un tel flot de récompenses. Avec l'appui de son équipe, le cinéaste anime des images lumineuses représentant une nature légèrement modifiée, à travers laquelle sa «caméra» se déplace comme une danseuse de ballet: de stupéfiants travellings, filmés «à hauteur de chat» à travers des prairies, des forêts ou des pattes d'animaux imposants, alternent avec de majestueux panoramiques, au cours desquels la caméra poursuit sa course dans l'espace. Nul besoin de connaître le savoir-faire technique qui se cache derrière ces prises de vue: leur supériorité au regard des images réelles, à la lourdeur terrestre, saute aux yeux. L'histoire n'a guère d'importance: le chat parvient à monter sur un bateau abandonné, bientôt rejoint par d'autres animaux. Entre chamailleries et réconciliations, ils dérivent ensemble entre des crêtes des montagnes ou à travers des villes inondées, jusqu'à ce que l'inondation se termine aussi soudainement qu'elle avait commencé. Ce qui importe en revanche, c'est que les animaux ne parlent pas: il ne s'agit pas d'humains déguisés, comme c'est le cas dans la plupart des blockbusters animaliers. Il leur arrive parfois de grogner, d'aboyer ou de croasser, mais la plupart du temps il règne dans ce film un calme magique, occasionnellement interrompu par une musique discrète. Cette mince matière a-t-elle de quoi alimenter un long-métrage de quatre-vingts minutes? Installez-vous confortablement et plongez dans le film: on gagne à se laisser porter par son flot.

In a cat's world, the houses and gardens are full of cat sculptures and there is a monumental feline statue on the highest mountain. On the other hand, the biggest nightmare in such a world would probably be an unexpected flood that submerges everything and forces the cat to swim. This is exactly what happens - after the mentioned cat-idyllic opening - in the second feature-length animated film by Gints Zilbalodis, with which the Latvian director has already won every conceivable trophy in the parallel universe of animated films and now also the Oscar. You don't need three of the film's eighty minutes to understand this prize-winning feat. Zilbalodis and his crew create beguilingly light-flooded images of gently alienated nature, through which their ‘camera’ moves with balletic effortlessness: stupendous tracking shots at the heroine's eye level through meadows, forests or the legs of larger animals, majestic panoramic pans during which the immaterial camera is still travelling in space. You don't need to know about the technical skill behind this unleashed view, its advantage over the earth-heavy real film is obvious. The story? Actually, it hardly plays a role. The cat makes it onto an abandoned boat, other animals get on board, together they drift between mountain ridges and through flooded towns, bickering and bonding until the flood ends as gratuitously as it began. More importantly, the animals don't talk and are not animalistic, draped humans like the superstars and their funny sidekicks in the usual animated blockbusters. Every now and then they growl, snarl or croak, otherwise magical silence prevails apart from the restrained music. Enough for eighty minutes? Sit back and immerse yourself: Everything flows.

In der Welt einer Katze sind die Häuser und Gärten voller Katzenskulpturen, und auf dem höchsten Berg steht eine feline Monumental-Statue. Handkehrum dürfte der grösste Alptraum in so einer Welt eine unvermutet hereinbrechende Flut sein, die alles unter Wasser setzt und die Katze zum Schwimmen nötigt. Genau das geschieht – nach dem besagten katzenidyllischen Einstieg – im zweiten abendfüllenden Animationsfilm von Gints Zilbalodis, mit dem der lettische Regisseur schon jede erdenkliche Trophäe im Paralleluniversum der Trickfimer:innen gewonnen hat und nun auch noch den Oscar. Man braucht keine drei der achtzig Filmminuten, um diesen Preissegen zu begreifen. Zilbalodis und seine Crew schaffen betörend lichtdurchflutete Bilder einer sanft verfremdeten Natur, durch die sich ihre «Kamera» mit ballettartiger Mühelosigkeit bewegt: stupende Fahrten auf der Augenhöhe der Heldin durch Wiesen, Wälder oder die Beine grösserer Tiere, majestätische Panoramaschwenks, während denen die immaterielle Kamera noch immer raumgreifend fährt. Um das technische Können hinter diesem entfesselten Blick braucht man gar nicht zu wissen, sein Vorteil dem erdenschweren Realfilm gegenüber springt ins Auge. Die Story? Spielt im Grunde keine Rolle. Die Katze schaffts auf ein verlassenes Boot, andere Tiere steigen zu, gemeinsam treibt man zwischen Bergkämmen und durch überflutete Städte, zankt und rauft sich zusammen, bis die Flut so grundlos endet, wie sie anfing. Viel wichtiger dabei: Die Tiere reden nicht und sind auch keine als Tiere drapierte Menschen wie die Superstars und ihr lustiges Beigemüse in den üblichen Animations-Blockbustern. Dann und wann knurren, fauchen oder krächzen sie, ansonsten herrscht bis auf Naturgeräusche und eine zurückhaltende Musik magische Ruhe. Genug für achtzig Minuten? Zurücklehen und eintauchen: Alles fliesst.