À 45 ans, le Suédois d'origine géorgienne Levan Akin a déjà une trentaine de films et d'épisodes de séries à son actif. Son précédent long-métrage, And Then We Danced, était un drame captivant noué autour d'un danseur gay aux prises avec le milieu homophobe de Tbilissi. Avec Crossing, il s'aventure au-delà des formules narratives éprouvées, privilégiant la densité atmosphérique du récit. L'intrigue tourne autour d'une enseignante géorgienne à la retraite, à qui un adolescent futé apprend que sa nièce disparue s'est réfugiée à Istanbul: dans la métropole libérale, cette dernière peut vivre son identité de personne transsexuelle. Ce tandem improbable part alors sur ses traces. Si les recherches dans le milieu queer de la métropole s'enlisent pendant longtemps, elles finissent par mener, grâce à une avocate trans activiste, à des connaissances de la disparue. Levan Akin s'intéresse moins à la recherche de cette dernière qu'aux expériences de sa tante enseignante dans un univers qui lui est étranger. Au départ sévère, elle comprend peu à peu que le problème ne vient pas des «oiseaux exotiques», mais des jugements portés sur la vie des autres. Si le film se perd brièvement en passant de manière inattendue de la perspective de l'enseignante à celle de l'avocate trans, il reprend rapidement pied grâce au regard empreint de tendresse qu'il porte sur la scène queer et trans. Cette dernière frappe par son dynamisme, notamment dû à l'excellente direction des acteur·rices non-professionnel·les, ainsi qu'à la brillante performance de l'actrice de théâtre Mzia Arabuli dans le rôle principal. Le final, qui se joue à la frontière entre le réel et le rêve, est un de ces morceaux de bravoure que seul le cinéma peut offrir.

Der aus Georgien stammende Schwede Levan Akin blickt mit 45 bereits auf dreissig Filme und Serienfolgen als Regisseur zurück und hat mit seinem letzten Kinofilm, And Then We Danced, ein packendes Drama über einen schwulen Tänzer im homophoben Umfeld von Tiflis vorgelegt. Mit Crossing wagt er sich noch einen Schritt weiter in ein filmisches Erzählen jenseits des Formelhaften vor und legt damit nochmals an atmosphärischer Dichte zu. Die Handlung dreht sich um eine pensionierte georgische Lehrerin, die von einem schlauen Teenager in ihrer Heimatstadt den Tipp bekommt, dass ihre verschollene Nichte als Transmann im liberaleren Istanbul untergetaucht sei. Die Suche des ungleichen Gespanns in der queeren Strichszene der Metropole verläuft lang im Sand und führt schliesslich über eine aktivistische Transanwältin zu Bekannten der Vermissten. Doch Levan Akin geht es nicht um das Finden, sondern um die Erlebnisse der anfangs gestrengen Lehrerin in einer ihr fremden Welt, die zur Einsicht führt, dass nicht die Paradiesvögel, sondern die Scharfrichter:innen über anderer Leute Leben das Problem sind. Der Film stolpert dabei kurz bei der unvermuteten Verlagerung des Blicks von der Lehrerin auf die Transanwältin, gewinnt die Souveränität aber schnell zurück durch den liebevollen Blick auf die lebenspralle Queerszene – was nicht zuletzt mit der Präsenz gut geführter Laien und der brillanten Theaterschauspielerin Mzia Arabuli in der Hauptrolle zu tun hat. Das Ende zwischen Tag und Traum schliesslich ist eines jener Bravourstücke, die so nur das Kino bieten kann.