Jusqu'au XIXe siècle, les jardins étaient un privilège réservé à la noblesse, dont ils constituaient un symbole. Avec l'avènement de la bourgeoisie, ce n'est pas seulement le statut social des jardins qui changea, mais aussi leur conception: au goût de la nature domestiquée, dont les parterres rigoureusement symétriques offraient une parfaite illustration, succéda la mode des jardins à l'anglaise, harmonieux et à l'aspect semi-sauvage. Parmi les premier·ères amateur·trices passionné·es de ce nouveau type de jardin figuraient de nombreux peintres impressionnistes, à commencer par Claude Monet: l'artiste fit aménager à grands frais un parc paradisiaque, qui comptait notamment un étang de nénuphars, dans sa propriété de Giverny, acquise en 1890 dans les environs de Paris. Les années passant, il finit par ne peindre plus que dans son magnifique jardin. À partir de l'exposition londonienne du même nom, le documentaire Painting The Modern Garden examine, à l'exemple de nombreuses représentations picturales de la nature, la façon dont l'obsession du jardin marqua toute une génération de peintres, jusqu'à tendre vers l'abstraction chez les postimpressionnistes comme Max Liebermann et Emil Nolde. Si ce furent Matisse et Kandinsky qui opérèrent pleinement ce basculement vers l'abstrait, Monet avait déjà créé de véritables installations immersives avec ses panneaux monumentaux sur le thème des nymphéas, réalisés à la fin de sa vie. Avec autant d'amour que les tableaux convoqués, le film invite à une exploration de l'univers des jardins, tantôt en plongeant dans un océan floral et sa composition artistique, tantôt en écoutant une savante analyse par de fin·nes connaisseur·euses du maniement de la pelle ou du pinceau. Le film n'intéressera donc pas seulement les amateur·trices d'art, mais aussi et surtout les accros du jardinage, bien inspirés en ce début de printemps.

Bis weit ins 19. Jahrhundert waren Gärten ein Privileg und Statussymbol des Adels. Mit der Erstarkung des Bürgertums änderte sich nicht nur dies, sondern auch die Konzeption der Gärten: die Domestizierung der Natur in streng symmetrischen Pflanzenkorsetts wich der englischen Idee eines harmonischen, halbwild anmutenden Gartens. Zu den leidenschaftlichsten frühen Anhängern dieses Konzepts gehörten viele impressionistische Maler, allen voran Claude Monet, der seinen 1890 erworbenen Landsitz Giverny ausserhalb von Paris mit unermesslichem Aufwand zu einer paradiesischen Parkanlage inklusive Seerosenteich ausbaute und schliesslich nur noch dort malte. Der Dokumentarfilm Painting the Modern Garden basiert auf einer gleichnamigen Ausstellung in London und zeichnet in durchkomponierten Natur- und Ölbildern nach, wie die Gartenobsession eine ganze Generation von Malern prägte, bei Postimpressionisten wie Max Liebermann und Emil Nolde schliesslich zur Abstraktion tendierte und mit Matisse und Kandinsky ganz dort ankam – Monet selbst hatte mit seinen monumentalen späten Seerosenbildern ja schon immersive Rauminstallationen geschaffen. Ebenso liebevoll wie die Gemälde lotet der Film die Gärten aus, schwelgt in einem Meer von Blüten, ihrer kunstvollen Arrangierung und Erörterung durch Kennerinnen und Könner mit Schaufel und Pinsel. Nicht nur ein Film für Kunstfreaks somit, sondern erst recht einer für Gartenjunkies zur Milderung spätwinterlicher Entzugssymptome.