Du haut de ses quarante-six ans, le cinéaste romand Pierre Monnard compte parmi les réalisateurs les plus expérimentés et sollicités de Suisse. Formé à l'Université de Lausanne puis sur les bancs d'une école de cinéma en Angleterre, il a développé son savoir-faire à travers la réalisation de courts métrages, de clips vidéo, de documentaires et de séries. Depuis 2017, il a notamment réalisé la série policière Wilder et le blockbuster (à l'échelle suisse) Platzspitzbaby, tourné en dialecte suisse allemand. Avec Bisons, il prend ses quartiers dans la région frontalière du Jura pour raconter l'histoire de deux frères aux prises avec un usurier afin de garder la ferme de leur père décédé. De son côté, leur mère arrondit ses fins de mois en travaillant à l'usine. L'un des frères, du genre travailleur et taiseux, collectionne les médailles grâce à ses talents de lutteur et en pince secrètement pour une vétérinaire et mère célibataire. L'autre, qui a filé du mauvais côté, propose à son grand petit frère de se lancer dans des combats de boxe lucratifs de l'autre côté de la frontière. Caïn et Abel au village et Fight Club à l'étranger : on connaît les ficelles. Or Pierre Monnard met en scène ce drame rural et cette querelle fratricide avec une telle efficacité et avec tant de cohérence que l'on est tenu en haleine dès la première minute. Certes, un combat de boxe sanglant en moins n'aurait pas fait de mal, et le final un peu mou rejoue l'éternel drame des scénarios suisses déclarés trop vite prêts pour la production. Mais le casting est excellent, les décors restent en mémoire et le savoir-faire cinématographique, comme je l'ai dit, ...

Der Romand Pierre Monnard ist mit 46 einer der versiertesten Gegenwarts-Regisseure der Schweiz. Ausgebildet an der Uni Lausanne und an der Filmschule in England, hat er sich sein Rüstzeug mit Kurzfilmen, Videoclips, Dokus und Serien erarbeitet und seit 2017 Regie bei der Krimiserie Wilder sowie beim Kassenschlager Platzspitzbaby geführt. Mit Bisons reist er in den Jura und erzählt von zwei Brüdern, die um den verschuldeten Hof des verstorbenen Vaters kämpfen, während die Mutter das Einkommen in der Fabrik aufbessert. Der eine Bruder ist der arbeits- und schweigsame, der nebenbei Ringerkränze holt und zarte Gefühle für eine alleinerziehende Tierärztin hegt. Der andere ist dem Teufel vom Karren gefallen, kehrt von irgendwo heim und schlägt dem grossen kleinen Bruder lukrative Boxkämpfe in Frankreich vor, um den Hof zu retten. Kain und Abel auf dem Dorfe also und Fight Club in der Fremde – man kennt einige Zutaten. Doch Monnard inszeniert das ländliche Drama und den Bruderzwist mit so viel Gespür für sprechende Momente, dass man ab der ersten Minute gefesselt ist. Von den blutigen Boxkämpfen sieht man zwar mindestens einen zu viel, vom zerrissenen Helden und den starken Frauenfiguren am Ende zu wenig. Die Besetzung und das filmische Handwerk aber sind durchs Band exzellent, der Kameramann und einer der beiden Hauptdarsteller gewannen prompt die Schweizer Filmpreise. Man hätte sie der ganzen Crew gegönnt.