Un amour de passage dont est né une fille ; une mère qui a brusquement quitté son compagnon et son bébé ; une relation père-fille en pleine mutation ; un père en quête de sens alors que sa fille entre dans l'âge adulte : il ne faut que 9 minutes au réalisateur français Erwan Le Duc pour dérouler, au début de son deuxième long métrage, les 18 années de vie commune de ses deux personnages. Les paroles ? Superflues. La bande-son ? Parfaitement composée. Les images ? De pures trouvailles, délibérément fragmentaires, poétiques et raffinées. La tragi-comédie qui suit est à la hauteur de cette ouverture enchanteresse. Il y est question de la crise que traversent un père et sa fille lorsque celle-ci, têtue comme un âne, s'apprête à intégrer l'école d'art de la lointaine ville de Metz, tandis que lui, mi-entraîneur de football, mi-fainéant, vide le nid familial pour s'installer dans un appartement spacieux avec sa compagne du moment. Bien sûr, l'amour perdu et la mère absente constituent la case manquante du récit ; mais le réalisateur en dessine les contours par un jeu d'allusions si drôles et si légères que ce film modeste au premier abord se transforme en œuvre majeure. Les personnages ont du charme à revendre, les idées de dialogue et de mise en scène déferlent à foison, l'esprit de la Nouvelle Vague et de Buster Keaton n'est jamais bien loin.

A brief amour fou from which a daughter was born, a mother who abruptly left her husband and baby, an intimate father-daughter relationship that takes on a new form, a father who needs a new meaning when his daughter turns eightteen: It takes French director Erwan Le Duc just 9 minutes at the beginning of his second long film to unravel 18 years of his protagonist couple's life. Words? Unnecessary. The soundtrack? Fully composed. The images? Nothing but trouvailles, deliberately questioning, poetic, pointed. The unfolding tragicomedy is like its prelude. It tells of the crisis between father and daughter when the headstrong chick is sent to an art school in faraway Metz and Eteinne, half football coach, half day thief, has to vacate the family nest in favour of an airy flat with his current partner. Of course, the lost love and missing mother is the film's big blank space, but the director circles it with his dabbed-on aperçus so lightly and full of points that the small film becomes a big one. The characters have charm and wit, the dialogue and directorial ideas sparkle casually, the Nouvelle Vague and Buster Keaton send their regards.

Eine kurze Amour fou, aus der eine Tochter hervorging, eine Mutter, die Mann und Baby abrupt verliess, eine innige Vater-Tochter Beziehung, die eine neue Form braucht, ein Vater, der einen neuen Sinn sucht, als die Tochter erwachsen wird: Just neun Minuten benötigt der französische Regisseur Erwan Le Duc am Anfang seines zweiten langen Films, um achtzehn Lebensjahre seines Protagonistenpaars aufzurollen. Worte? Unnötig. Der Soundtrack? Durchkomponiert. Die Bilder? Lauter Trouvaillen, gezielt fragementarisch, poetisch, pointiert. So zauberhaft wie der Auftakt ist die ganze Tragikomödie, die sich nun entfaltet. Sie erzählt von der Krise zwischen Vater und Tochter, als das eigenwillige Küken an eine Kunstschule im fernen Metz soll, während der Vater, halb Fussballtrainer, halb Tagedieb, das Familiennest zugunsten einer luftigen Wohnung mit seiner aktuellen Lebenpartnerin räumen soll. Natürlich ist die verlorene Liebe des Vaters und fehlende Mutter der Tochter die grosse Leerstelle des Films, doch der Regisseur kreist diese mit seinen hingetupften Aperçus so leichthändig ein, dass aus dem kleinen Film ein grosser wird. Die Figuren haben Charme, die Dialog- und Regieeinfälle perlen zwanglos, die Nouvelle Vague und Buster Keaton lassen grüssen.