"Si vous n'aimez pas la mer, si vous n'aimez pas la montagne, si vous n'aimez pas la ville, allez vous faire foutre !", lançait Jean-Paul Belmondo dans le premier long métrage de Jean-Luc Godard, À bout de souffle. Le réalisateur et acteur Thomas Salvador a quant à lui horreur des villes, se moque royalement de la mer, mais vénère la montagne. C’est du moins le cas du personnage qu’il interprète dans son dernier long métrage au titre bien choisi, La montagne, l’histoire d’un entrepreneur qui sur un coup de tête, décide de tout quitter pour se livrer à une rencontre, du genre renversant, avec les cimes alpines. Aperçues lors d’un séjour professionnel à Chamonix, celles-ci l’attirent de manière irrésistible, au point qu’il finit par faire littéralement corps avec elles, comme il l’est suggéré au cours d’une séquence d’une beauté stupéfiante qui, l’air de rien, réinvente à elle seule le cinéma fantastique. Cela n’est pas le moindre exploit de ce film faussement modeste, furieusement romantique.

"Wenn Sie das Meer nicht mögen, wenn Sie die Berge nicht mögen, wenn Sie die Stadt nicht mögen: dann können Sie mich mal...", sagt Jean-Paul Belmondo in Jean-Luc Godards À bout de souffle schelmisch in die Kamera. Der Regisseur und Schauspieler Thomas Salvador verabscheut Städte und belächelt das Meer, aber er verehrt die Berge. Das trifft zumindest auf die Hauptfigur zu, die er in seinem neuesten Spielfilm mit dem passenden Titel La montagne selber spielt. Es geht um einen Unternehmer, der aus einer Laune heraus beschliesst, alles hinter sich zu lassen, um sich ganz und gar den mächtigen Alpengipfeln hinzugeben. Ihre Anziehungskraft entdeckt er bei einem geschäftlichen Aufenthalt in Chamonix, schliesslich wird er buchstäblich mit den Bergen eins – so suggeriert es zumindest eine atemberaubend schöne Sequenz, die das fantastische Kino fast neu zu erfinden scheint. Und das ist nur eine der Leistungen dieses scheinbar bescheidenen und furios romantischen Films.

Après Vincent n’a pas d’écailles, comédie aquatico-burlesque, Thomas Salvador signe avec La Montagne une fable écologiste doublée d’une histoire d’amour. Une expérience organique et sensuelle à vivre en salle absolument.

Cette façon qu’a le film de s’écrire sur une grande étendue blanche et d’avancer selon d’enfantins principes de lubie et d’obsession, ce minimalisme tout en lignes épurées et trajectoires nettes tracées à même le cristal et la glace pourraient virer au simplisme ou à une vague poésie d’illuminé (...) si Salvador n’en revenait constamment à cette obscure mathématique de la matière et à cette pure métaphysique des corps et des éléments qui travaillent sa mise en scène.

Voilà bien longtemps qu’une telle incandescente magie ne nous avait autant émerveillée au cinéma.

Le cinéaste Thomas Salvador signe un film qui ne ressemble à aucun autre, transfigurant un voyage initiatique alpin en conte fantastique. Il nous offre une puissante allégorie de l’effondrement et du retour à la vie, un sommet d’audace et de sensibilité.

Avec son second film, Thomas Salvador nous offre une œuvre magnifique.