Y a-t-il un seul personnage qu'Isabelle Huppert ne saurait incarner de manière convaincante ? Nous connaissons la réponse depuis plus de 150 films et 40 ans. Huppert est particulièrement brillante lorsqu'elle associe son intelligence non seulement à une réserve hautaine, mais aussi à une passion pour une cause ou une personne. C'est le cas dans le drame inspiré de faits réels La syndicaliste. Huppert y incarne la déléguée syndicale Maureen Kearny, en proie à un bras de fer avec l'industrie nucléaire nationale en 2012 en raison d'une livraison secrète de technologies à la Chine et du bradage des emplois français qui en a résulté. C'est alors qu'elle est agressée et violée à son domicile. Comme l’enquête menée par la police tâtonne, Kearny est soupçonnée d'avoir inventé de toutes pièces son agression – ce qui marque le début d'une lutte au long cours pour obtenir justice et préserver sa réputation. Jean-Paul Salomé combine le polar économique au drame psychologique dans une mise en scène à la fluidité et l'efficacité telles que le film nous captive de la première à la dernière minute. L'absence de scrupules de la part de nombreux.euses acteurs.rices économiques, lorsqu'il est question de gros sous ou de sa propre peau, est portée au grand jour de manière éclatante. Et Huppert interprète la syndicaliste comme une combattante si droite et à l'existence si fragile que, pour une fois, on éprouve une empathie totale à son égard.

Gibt es eine Figur, die Isabelle Huppert nicht überzeugend verkörpern kann? Wir kennen die Antwort seit bald 50 Jahren und 150 Filmen. Besonders stark ist Huppert stets, wenn sie ihre Intelligenz nicht nur mit schnippischer Sprödheit paart, sondern auch mit Leidenschaft für eine Sache oder einen Menschen. Im Dokudrama La syndicaliste ist dies der Fall. Huppert gibt die Gewerkschafterin Maureen Kearny, die 2012 mit der nationalen Atomindustrie wegen heimlicher Weiterreichung von Technologie an China und dem resultierenden Ausverkauf französischer Arbeitsplätze im Clinch war, als sie in ihrem Haus überfallen und vergewaltigt wurde. Da die Polizei im Dunkeln tappte, geriet Kearny in den Verdacht, den Überfall erfunden zu haben – der Beginn eines jahrelangen Kampfs um Gerechtigkeit und ihren Ruf. Jean-Paul Salomé inszeniert die Mischung von Wirtschaftskrimi und Psychodrama so flüssig und sec, dass einen der Film innert Minuten gefangen nimmt und bis zur letzten Minute nicht loslässt. Erschütternd zu Tage tritt die Skrupellosigkeit vieler WirtschaftsakteurInnen, wenn es ums grosse Geld oder die eigene Haut geht. Zudem zeichnet Huppert die Gewerkschafterin als so fadengerade Kämpferin und fragile Existenz, dass man für einmal ohne Wenn und Aber mit ihr fühlt.