Auf den ersten Blick wirkt der palmenprämierte und dreifach oscarnominierte neue Film des schwedischen Gesellschafts-Kritikers Ruben Östlund (The Square) wie eine eher einfach gestrickte Satire auf die Klassengesellschaft, die man auf Luxuskreuzern angeblich antrifft: da die reichen Ekel und Deppen, dort die beflissene Crew, dazwischen ein junges Paar im Kleinkrieg. Nur: Wer den Film bloss so sieht, übersieht seine Quintessenz. Das umfassend bescheurte Treiben ist eine moderne Allegorie, ein Sinnspiel über den Irrsinn der Konsumgesellschaft, die unersättlich und führungslos ins Verderben schippert und dabei von einer profitgierigen Crew, der Wirtschaft, bei Laune gehalten wird. Nach dem Untergang fangen die Überreste der schiffbrüchigen Menschheit dann voller naiver Vorsätze neu an ... Herrlich vorder- und hintergründiges Kino voller Ausfälle gegen geifernde Profiteure, giftelnde Paare und giftige Ideologien. Kurz: ein hingerotzter Geniestreich.

At first glance, the Palm Award-winning and triple Oscar-nominated new film by Swedish social critic Ruben Östlund (The Square) looks like a rather simple satire on the class society that one encounters on luxury cruisers, so it is said: there the rich creeps and bozos, there the studious crew, and in between a young couple in a small circle. But if you only see the film that way, you miss its quintessence. The comprehensively insane hustle and bustle is a modern allegory, a play on meaning about the insanity of consumer society, which sails insatiably and without leadership to its doom and is kept happy by a profit-hungry crew, the economy. After the sinking, the remnants of shipwrecked humanity promptly start anew full of good intentions ... Delightful front and back cinema full of outbursts against slavering profiteers, slobbering couples and poisonous ideologies. In short: a stroke of genius.

A première vue, le nouveau film du critique social suédois Ruben Östlund (The Square), récompensé par une Palme d'or et trois nominations aux Oscars, ressemble à une satire plutôt simple de la société de classes que l'on rencontre, dit-on, sur les bateaux de croisière de luxe : ici, les riches dégoûtants et les crétins, là, l'équipage zélé, entre les deux, un jeune couple en petit comité. Mais si l'on ne voit le film que sous cet angle, on passe à côté de sa quintessence. L'ensemble des activités stupides est une allégorie moderne, un jeu de sens sur la folie de la société de consommation, qui navigue vers le naufrage de manière insatiable et sans direction, et qui est maintenue en haleine par un équipage avide de profit, l'économie. Après le naufrage, les restes de l'humanité naufragée repartent promptement à zéro, pleins de bonnes intentions ... Un cinéma magnifique, à l'avant et à l'arrière plan, plein d'attaques contre les profiteurs baveux, les couples baveux et les idéologies toxiques. En bref : un coup de génie bien huilé.

Palme d’or à Cannes, le film de Ruben Östlund rentre dans le lard du politiquement correct à l’aide de dialogues et situations féroces. Et ce tout en soignant la mise en scène : avec Östlund, on a toujours droit à du grand cinéma.

Feu sur le politiquement correct. Haro sur le fric roi. Assez de la tyrannie des apparences. Sa caméra est un lance-flammes. Cette bataille navale réjouit, décoiffe. Le malaise s’installe. Il est savoureux.

Aussi puissant que The Square, et encore plus corrosif, Sans filtre est un récit étrange et jubilatoire, grand moment de cinéma et d’humour féroce.