Au-delà de sa dimension féministe, La Ruche captive aussi par son évocation des cicatrices de l’histoire dès sa première scène : un plan-séquence impressionnant où Fahrije ouvre avec fébrilité les sacs dans lesquels ont été glissés les restes d’un charnier.

Cette œuvre intense et tragique met en perspective la question sensible du Kosovo à travers le portrait d’une femme, résolue à faire de son existence et celle des autres femmes du village, un projet émancipation sociale et culturelle. Un film puissant.

Le premier long métrage de la Kosovare Blerta Basholli, 40 ans, qui s'est déjà fait remarquer par des courts métrages et des documentaires, n'a rien de joyeux à première vue mais s'annonce pourtant comme une bonne nouvelle pour ce jeune pays des Balkans. Là-bas aussi, on voit que les femmes sont en train de prendre leur vie en main et de défier les machos présomptueux et les ploucs. Basé sur un fait réel, Basholli raconte l'histoire de Fahrije, une paysanne et mère de famille dont le mari a disparu pendant la guerre du Kosovo. Comme il y a peu d'espoir que le disparu revienne, Fahrije prend littéralement les commandes pour que sa famille continue à vivre : elle apprend à conduire et fonde avec des femmes du village une coopérative qui produit à la main des poivrons en conserve, provoquant l'intervention de saboteurs réactionnaires. L'autrice-réalisatrice raconte tout cela très sereinement, c'est-à-dire en sachant pertinemment que le progrès social est inéluctable, quelle que soit la résistance. On est de tout cœur avec elle.

Der erste lange Kinospielfilm der 40jährigen Kosovarin Blerta Basholli, die schon mit Kurz- und Dokumentarfilmen aufgefallen ist, hat alles andere als einen heiteren Anlass und ist doch eine gute Nachricht aus dem jungen Balkanland. Auch dort, zeigt er, sind die Frauen daran, ihr Leben in die eigenen Hände zu nehmen und anmassenden Machos und Hinterwäldlern die Stirn zu bieten. Basierend auf einem wahren Fall, erzählt Basholli die Geschichte der Bauern- und Familienfrau Fahrije , deren Mann im Kosovokrieg verschollen ist. Da kaum Aussicht auf eine Wiederkehr des Verschollenen besteht, übernimmt Fahrije buchstäblich das Steuer für das Weiterleben ihrer Familie: Sie lernt Autofahren und gründet mit Frauen aus dem Dorf eine Kooperative, die eingemachte Paprika in Handarbeit herstellt, was reaktionäre Saboteure auf den Plan ruft. Die Autorin und Regisseurin erzählt dies ganz gelassen, sprich: im sicheren Wissen, dass der gesellschaftliche Fortschritt bei allem Widerstand unaufhaltsam ist. Man freut sich mit ihr.

Dans son premier long-métrage, la Kosovare Blerta Basholli retrace l'histoire galvanisante, et réelle, d'un groupe de femmes remarquables de force, de persévérance et d'ingéniosité.