Vortex est une réelle expérience de cinéma sensorielle et émotionnelle sur le quotidien des derniers jours d'un couple âgé dont la femme est atteinte de dégénérescence du cerveau. Le récit se déroule principalement dans leur appartement parisien sombre aux pièces exiguës sur-chargées de livres, de médicaments, d'électro-ménager. Gaspar Noé utilise le split-screen permettant de suivre en parallèle les pérégrinations de chacun des protagonistes et révélant ainsi leur immense solitude. Le duo d'acteurs Françoise Lebrun et Dario Argento est sidérant de justesse, tout comme Alex Lutz qui interprète leur fils, camé et sur la brèche, qui tente désespérément de leur venir en aide. Vortex est une immersion dans le naufrage de la vieillesse, on en ressort éprouvés et remués, comme toujours avec Gaspar Noé.

Vortex, sorte de testament avant l’heure, raconte, dans un vérisme cruel, à quel point le temps reste la drogue la plus toxique. Et son effet, irréversible.

Sans renoncer à son esthétique, le cinéaste se renouvelle avec brio : entièrement improvisé, le résultat bouleverse en ce qu’il réaffirme la puissance de la durée au cinéma et signe le requiem d’une génération de maîtres, figurée par les premiers rôles confiés aux sidérants Dario Argento et Françoise Lebrun.

Jusqu’au bout, l’inventivité de l’image met en scène la mort prochaine. Vortex transforme l’absence en tableaux contemporains. Une expérience sensorielle, totale.