Argent, maison, femme, enfants, travail prestigieux, carrière politique (dans un parti bourgeois) en devenir et même une belle voiture rouge : tout réussit à Paul (Philippe Léotard) selon les normes sociales habituelles, avant qu'il s'éprenne d'une serveuse italienne et perde presque tout. Une fois dévoilée, l'intrigue sommaire de Le milieu du monde semble aussi plate que son protagoniste masculin. On ne peut guère en dire autant de l'objet de ses désirs. En partie parce qu'Adriana (Olimpia Carlisi) est, comme beaucoup de femmes dans les films d'Alain Tanner, un personnage énigmatique et introverti ; surtout parce que Paul échoue jusqu'à la fin à s'intéresser à autre chose qu'à son corps. Dans le deuxième des trois films que Tanner a coécrits avec le critique d'art et poète John Berger («The Ways of Seeing»), la médiocrité s'impose. Cette conformité à la moyenne s'applique jusqu'au lieu de l'action – un village vaudois qui, en raison de sa situation géographique, est appelé le «milieu du monde». En 1974, six ans après les tumultes de 68, ce toponyme inspire à Tanner et Berger une réflexion poético-politique sur le conformisme : selon la voix-off, les temps sont à la «normalisation». Le duo intègre élégamment ce thème à tous les niveaux du film : des plans récurrents de paysages hivernaux désolés à la liaison au cœur de l'intrigue, dont Adriana finit par échapper à la logique de normalisation bourgeoise. Si le film n'a pas pris une ride à bien des égards, c'est d'une part grâce à la perspicacité avec laquelle Tanner et Berger ont su capter l'ambiance de l'époque sans l'enfermer dans une forme dogmatique et univoque. D'autre part, il est frappant de constater à quel point les représentations dominantes de la masculinité, de la réussite et de la rationnalité ont peu changé depuis lors.

Geld, Haus, Frau, Kinder, angesehener Job, angehende (rechtsbürgerliche) politische Karriere und ein hübsches rotes Auto. Dann verknallt sich der nach gängigen Massstäben erfolgreiche Paul (Philippe Léotard) in eine italienische Kellnerin und verliert fast alles. Die nackte Handlung von Le milieu du monde klingt fast so penetrant durchschnittlich, wie es deren männlicher Protagonist ist. Vom Objekt seines Begehrens lässt sich das nicht sagen, teils, weil Adriana (Olimpia Carlisi) wie viele Frauen in Filmen von Alain Tanner eine rätselhafte und introvertierte Figur ist, teils, weil es Paul bis zum Ende versäumt, sich für irgendetwas anderes als das Körperliche an ihr zu interessieren. Im zweiten der drei Filme, die Tanner gemeinsam mit dem englischen Kunstkritiker und Autor John Berger schrieb, ist das Durchschnittliche Programm. Das gilt auch für den Handlungsort, ein Waadtländer Dorf, das sich aufgrund seiner geografischen Lage als «Mittelpunkt der Welt» bezeichnet. Der Ortsname inspiriert Tanner und Berger 1974, sechs Jahre nach dem 68er-Aufbruch, zu poetisch-politischem Sinnieren über Konformität und Stagnation, da man sich laut Voice-over in einer «Zeit der Normalisierung» befindt. Elegant flechten sie das Thema in alle Ebenen des Films ein: von den wiederkehrenden Aufnahmen trostloser Winterlandschaften bis zur Affäre im Zentrum der Handlung, deren bourgeoiser Normalisierung sich Adriana schliesslich entzieht. Dass der Film in vielen Belangen gut gealtert hat, liegt zum einen an der Scharfsichtigkeit, mit der Tanner und Berger die damalige Stimmung einzufangen wussten, ohne sie in eine dogmatisch-eindeutige Form zu pressen. Zum anderen frappiert, wie wenig sich die dominierenden Bilder von Männlichkeit, Erfolg und dem Wert des Rationalen seither verändert haben.