La brutalité de son image, associée aux soins délicats avec lequel elle brosse une douloureuse galerie de portraits, font de Winter's Bone un film extraordinairement moderne, décrivant un monde, le nôtre, qu'on aimerait oublier et qu'il faut bien, de temps en temps, regarder au fond des yeux.

La jeune ­réalisatrice chronique le quotidien précaire et violent des hillbillies, entre le néoréalisme des frères Dardenne et la brutalité de Boorman dans Délivrance. Peu à peu, le récit initiatique se transforme en conte de fées d'une rare noirceur, à l'atmosphère fantastique.

Les "Badlands" et "Backwoods", l'arrière-pays perdu des Etats-Unis, souvent appelé Midwest offre son décor à ce film qui, dix ans après sa sortie, est encore plus actuel que lorsqu'il a été nominé pour quatre Oscars alors qu'il venait presque de nulle part et qu'il mettait en scène une inconnue de dix-huit ans au talent phénoménal, Jennifer Lawrence, catapultée depuis dans la liste A d'Hollywood peu grâce à la série Hunger Games. Depuis les films de Nicholas Ray et de John Boorman, ces régions reculées abritent les "losers" blancs du rêve américain, les " white trash ", les incultes, les rednecks, les ouvriers mis au rebut, les femmes au foyer shootées à la méthamphétamine et les renifleurs de crack venant de familles brisées et qui se regroupent pour former de nouveaux clans en marge de la loi. Winter's Bone raconte l'histoire d'un de ces clans de criminels qui s'acharnent tellement que votre sang gèle dans vos veines et que votre cœur bat à tout rompre. Ceux qui ont vu ce film comprendront un peu mieux pourquoi Donald Trump ne sera probablement pas destitué en 2020, mais réélu. La partie perdue de l'Amérique est plus grande qu'on ne le pense souvent.

Die "Badlands" und "Backwoods", das verlorene Hinterland der USA, das gern mittlerer Westen genannt wird und sich tief in den Osten und Süden erstreckt, ist das Setting dieses Films, der zehn Jahre nach der Premiere noch aktueller ist als damals, als er praktisch aus dem Nichts heraus für vier Oscar nominiert wurde und in der Hauptrolle eine phänomenal begabte achtzehnjährige Unbekannte namens Jennifer Lawrence portierte, die wenig später mit der Hunger-Games-Reihe in die Hollywood-A-Liga katapultiert wurde. In diesen Hinterwäldern hausen seit den Filmen eines Nicholas Ray und John Boorman die weissen Verlierer des amerikanischen Traums, der "White Trash", die Ungebildeten, die Rednecks, die ausrangierten Industriearbeiter, die Meth-Kocher und Crack-Schnüffler, die aus kaputten Familien kommen und sich zu neuen Sippschaften am Rande des Gesetzes zusammengerauft haben. Von einer dieser kriminellen Sippen erzählt Winter's Bone so unerbittlich und eindringlich, dass einem das Blut in den Adern gefriert und das Herz heissblütig mitschlägt. Wer diesen Film gesehen hat, versteht etwas besser, weshalb Donald Trump 2020 wohl nicht abgesetzt, sondern wiedergewählt wird. Das verlorene Teil Amerikas ist grösser, als man es bei uns vielfach denkt.